Les Gens

Les gens sont une source inépuisable d’étonnement, d’agacement, de dépit, d’attendrissement, d’épuisement, de lassitude, d’irritation, d’exaspération. D’exaspération oui, qui parfois confina au mépris. Parce que souvent les gens, c’est l’Autre, celle·lui dont on se moque, qu’on réprouve, qui nous mènera à notre perte. Mais un·e autre si ressemblant·e, qu’il n’y a même pas l’espace entre ieux et nous pour un franc rejet xénophobe. Les gens ne nous sont pas assez étranger·es malgré tout.
Pour ma part, je n’ai jamais vraiment compris les gens sans pour autant jamais pouvoir m’en passer. Alors quelle autre alternative que d’accepter de vivre avec ce sentiment d’étrangeté, appareil-photo en main. Au risque de s’apercevoir qu’à travers l’objectif, les gens sont belles et beaux, dans la lumière comme dans l’obscurité de leurs nuits, émouvant·es, étranges toujours mais étrangement humain·es. Et en définitive si semblables à nous, qu’iels pourraient devenir (des) proches.

« Il y a sur cette terre des gens qui s'entretuent : c'est pas gai. Je sais. Il y a aussi des gens qui s'entrevivent. J'irai les rejoindre. »
— Extrait de Sainte âme pavillon de neuro-théologie : journal d’un malade de Jacques Prévert (1966)