Empreintes photographiques
Inspirée par Jon Cloud Mouton, photographe tamponneur, cette transformation consiste à réduire au noir et blanc les couleurs de la photographie, à l’aide d’un logiciel de traitement d’image afin d’obtenir un rendu des images qui évoque la bande-dessinée graphique ou les empreintes obtenues par des techniques comme celles de la gravure sur bois, du pochoir, du tampon.
Cette série est issue d’un livre photographique (épuisé) qui a été l’occasion d’une exposition.
« Cette enfant, qui coupe à travers champs, veut serrer dans ses mains frêles sa propre légende qui court devant elle. Dans ce présent pur, décidé, comme au matin des origines, l’ombre ne traîne pas. L’enfant taille déjà sa silhouette au-delà de la mue. Elle ne s’est pas enfermée dans une carapace. Quand l’adulte marchera, sous une autre enveloppe et le trait marqué, l’enfant n’aura pas disparu. Quoiqu’il advienne, c’est elle qui dictera les pas. Impossible de s’en déprendre jusqu’à l’échéance. On a beau arpenter le monde, c’est toujours dans ce tracé initial, et même dans les pires endroits écartés où s’établit l’herbe folle que se mesurent nos dépassements. C’est pourquoi nous marchons, nous explorons, nous déambulons dans les lieux les plus communs, comme dans les lieux les plus improbables. Nous voulons habiter les passages, les alignements, les labyrinthes, les espaces vides et les directions prescrites. C’est cette insistance libre qui parvient à desserrer les espaces de solitudes et ces arpents de géométries lassantes ; même lorsque la vie est séparée. La vraie vie est ailleurs. Sous l’écorce, dans le liber où rampe la sève que tous les lierres n’étouffent pas. Dans les couleurs qui germinent dans le noir. Elle est hors cadre, la vraie vie, sous le voile des apparences dans cette terre qui bouge avec nous.C’est pourquoi, inlassablement, nous marchons, en quête. Et si, souvent, nous savourons des haltes et si nous sombrons dans un profond sommeil, c’est pour renaître le lendemain et reprendre la marche. »
— Extrait de la préface par René Trusses du livre éponyme (2012)