Absence (Kermenguy)
Une dernière fois, revenir sur les lieux de ses dernières années de vie. Tenter de fixer les images de ce qui reste. Percevoir la vanité de cette tentative. Alors, cueillir ses roses, manger ses fraises et arroser ses tomates, avant de quitter son jardin, avec mon urne pleine de rien et mes yeux vides de larmes parce qu’au portail commence le chemin du deuil.
« J’étais retourné dans sa maison le 18 juillet, jour de son anniversaire. Déjà le ménage avait été fait et, quinze jours après sa mort, rien n’était plus tout à fait ressemblant. La maison s’apprêtait à être vidée et mise en vente.
J’aurais voulu garder mémoire de l’espace habité jour après jour de ses gestes, de ses heures, de ses pas, de ses pensées. On laisse forcément son empreinte autour de soi après vingt ans dans un lieu, on l’use à sa façon. On creuse son habitude. Mais les mégots de cigarettes dans la cheminée sont restés insaisissables. Aucune photographie n’acceptait de raconter leur histoire. Il a fallu se rendre. Se rendre à l’évidence. Les seules traces que je parvenais à photographier étaient celles de son absence. »
— Un texte de Simon Tarsier (2017)