59 mars 2016
Dans le cadre des manifestations contre la Loi Travail ‘El Khomri’ au printemps 2016, des rassemblements ont investi des places publiques, sont à l’issue des cortèges revendicatifs. Ce mouvement social, qui s’est nommé “Nuit Debout”, a cherché à construire une convergence des luttes en portant une parole horizontale. Ce mouvement se structurait localement par commission, sans dirigeant·e, dans le but de faire vivre une démocratie directe. Les thématiques portées couvraient l’ensemble des revendications sociales, une contestation des institutions politiques et du système économique et capitaliste.
« Si le signifiant “debout” a connu une extraordinaire fortune, c’est que le signifiant “nuit” a été ce terme suffisamment ouvert pour que bien d’autres puissent s’y reconnaître. […] Pendant ce long mois de mars, “nuit” est redevenu obscur pour faire naître de nouvelles clartés. A la place de “nuit”, toutes sortes d’êtres de notre monde qui estiment avoir été rejetés dans l’invisibilité (c’est-à-dire ne pas compter dans l’organisation effective des pouvoirs) sont venus inscrire leur nom propre, participant ainsi à la construction de ce processus diagonal qu’est un processus hégémonique. Il y eut “Hôpital debout”, “Avocats debout”, “Banlieues debout”, “Bibliothèques debout”, et même “Orchestre debout” ! La contagion du nom ne s’est faite cependant ni par l’agrégation des intérêts particuliers dans une somme mécanique, ni par le saut dans un universel détaché de tous, mais par une identification équivoque et toujours locale avec la révolte d’un proche. »
— Extrait de “Nuit debout : une expérience de pensée” de Patrice Maniglier (2016)